La décarbonation du secteur routier selon l’IREX

IREX Cold mix asphalt

L’émulsion : un passage obligé pour décarboner

La volonté est là, la nécessité aussi. Le webinar de l’IREX (Institut pour la Recherche appliquée et l’EXpérimentation en génie civil) a rappelé que les enrobés à l’émulsions (GE et BBE) doivent progressivement remplacer les enrobés chauds, puis les tièdes. Le but ? Enclencher la transition écologique du secteur en réduisant ses émissions de GES de 30 % (minimum) d’ici 2030.

Les acteurs du domaine routier se sont fixé ce premier objectif, sensé ouvrir la voie à une évolution significative des pratiques permettant de conduire la France vers la neutralité carbone d’ici 2050. Dans ce webinar, les intervenants de l’IREX présentent le Projet National, qui a pour but de mieux connaître et propager le savoir sur les enrobés à l’émulsion, tout en contribuant à l’amélioration des pratiques et des critères d’évaluation sur chantier, tout cela en 4 ans.

Le Projet National de l’IREX

Aujourd’hui, les enrobés à l’émulsion ne représentent que 6 % des enrobés appliqués sur le territoire français, un chiffre en faible croissance sur la dernière décennie. L’IREX soutient que, pour faciliter l’implantation des techniques à l’émulsion dans les départements, il serait nécessaire de :

  • Favoriser le partage des retours d’expériences de chantiers impliquant des enrobés à l’émulsion ;
  • Mieux comprendre et prédire le mûrissement des enrobés à l’émulsion ;
  • Améliorer la connaissance du comportement mécanique des mélanges, au jeune âge et après mûrissement ;
  • Mieux dimensionner les structures faisant intervenir des enrobés à l’émulsion.

Le Projet National, encore en phase de labélisation, devrait permettre, entre autres, de :

  • Faire évoluer les critères de performance des enrobés à l’émulsion (pour les rendre similaire à ceux des enrobés à chaud) ;
  • Prendre en compte, dans les critères de performance, de l’évolution des propriétés physique des enrobés à l’émulsion au cours de leur mûrissement (pouvant durer plusieurs années) ;
  • Mieux connaître les défauts pouvant survenir sur les chantiers à l’émulsion, pour mieux les prévenir (et à défaut les guérir) ;
  • Mieux prendre en compte les spécificités de la fabrication industrielle à l’échelle du laboratoire, afin que les essais de laboratoire soient plus représentatifs des performances réelles sur chantier ;
  • Compléter la méthode de formulation des enrobés à l’émulsion, notamment en cas de l’intégration d’agrégats d’enrobés (AE).

Concrètement, l’IREX traitera ces sujets au travers d’études mêlant laboratoire et chantier, en impliquant tous les corps de métier impliqués dans la chaîne de valeur des revêtements à l’émulsion. Des guides techniques et des outils informatiques seront publiés, pour que les conseils départementaux puisse se les approprier. Ce travail sera aussi un moyen d’ajuster certaines normes relatives aux produits à l’émulsion de bitume.

Les premiers de la classe donnent leurs astuces

Pour conclure ce webinar, Bruno ESPINASSE du CD 63 et Carole DESCHAMPS du CD 43 ont exposé leurs pratiques locales, permettant à leur département de réaliser plus de 35 % de leurs enrobés à l’émulsion, bien au-delà de la moyenne nationale de 6%. Ces témoignages nous montrent que l’évolution des pratiques est non seulement nécessaire, mais totalement faisable, à condition de construire un savoir-faire, de l’entretenir et de l’enrichir. Ainsi, malgré la proximité du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire, on constate que certaines pratiques divergent :

  • Les couches d’accrochage sont systématiques dans le 63, ce qui n’est pas toujours le cas dans le 43, notamment lorsque le support est connu pour être ressuant. Néanmoins, l’absence de couche d’accrochage a pu entraîner par endroits l’apparition de dégradations prématurées ;
  • Les Grave Emulsions dans le 43 sont souvent laissées non recouvertes pendant plusieurs années, alors qu’elles sont recouvertes d’un enduit de scellement avant l’hiver puis d’un enduit superficiel après 1 à 3 ans dans le 63 ;
  • La Haute-Loire a limité la teneur en agrégats d’enrobés (AE) dans les Grave Emulsions à 30 % et à 10 % dans les Bétons Bitumineux à l’Emulsion, en raison plumages fréquemment observés à des teneurs supérieures.

Conclusion

Ce webinar a fait état de la volonté de l’IREX de rassembler les acteurs du domaine routier autour d’un même objectif : la transition des enrobés chaud et tièdes vers les enrobés à l’émulsion. Cette évolution ne se fera clairement pas du jour au lendemain. Néanmoins, pour être au rendez-vous des objectifs de 2030, le besoin est clair : mieux comprendre, mieux prédire, mieux faire, et mieux communiquer.

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